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Anthony Marchand et Thierry Chabagny : bientôt le Pot au Noir comme une sorte de "péage de l'Atlantique"

Mai 2023
Crédit photo : Anne Beaugé

Après les premières 48 heures de course dans des conditons très inconfortables, Anthony Marchand et Thierry Chabagny se sont rapidement retrouvés dans des conditions moins éprouvantes pour les hommes comme pour le bateau. La vie reprenait son cours à bord de l’Actual Ultim 3.

A l’approche de l’île de Madère, la dorsale anticyclonique qui barrait la route à leurs prédécesseurs, leur a permis de réduire leur écart à moins de 30 milles du leader ; une belle opportunité pour checker la bonne santé du bateau et se reposer avant de naviguer dans les Alizés, ces vents portants qui demandent une grande vigilance à l’équipage.
A bord d’Actual Ultim 3, les deux complices ne cachent pas leur plaisir de faire marcher leur Ultim, de guetter la moindre opportunité pour reprendre des milles à leurs concurrents… Une position de chasseur qui plait particulièrement à Anthony et à Thierry.

Un début de course violent

Si les 5 Ultim ont offert un spectacle incroyable en quittant le Havre, leurs conditions de navigation ont été inversement proportionnelles dans un vent contre courant et une mer très courte en Manche, très violentes pour les hommes et le bateau. Il a fallu attendre 48 heures avant de trouver des conditions plus manoeuvrables.

Anthony Marchand :  » La sortie de la Manche a été conforme aux prévisions, une mer formée avec pas mal de vent, un peu raffaleux mais pas trop. Avant le raz Blanchard, le vent contre courant laissait une mer vraiment très très courte, le plus dur c’était presque en Manche, ce n’était pas très agréable. Après, dans le Golfe de Gascogne, la mer était plus grosse mais avec plus de périodes. Nous étions contents que ça dure moins de 48 heures cette histoire. Le corps n’aime pas trop traîner dans des endroits comme cela avec des mouvements aussi brusques, avec des chocs. On sait que ça fait mal aux bateaux, mal aux bonhommes … Mais nous sommes contents d’avoir traversé cette phase dure. »

Madère : le coup de l’élastique

L’île de Madère se profilait rapidement devant les étraves et avec elle l’opportunité de recoller au peloton qui s’était échappé à l’entrée du golfe de Gascogne. Le duo d’Actual Ultim 3 a su mettre à profit son sens de la tactique pour profiter d’une barrière anticyclonique tout en évitant le dévent de l’île en optionnant à l’Est.

Thierry Chabagny :  » Nous sommes arrivés sur une grosse dorsale anticyclonique qui barrait le passage. Les premiers sont arrivés là-dedans pleine balle. En plus, la zone était vraiment très large au début et, au fur et à mesure que les bateaux se présentaient, elle se rétrécissait. Mais en effet, les premiers sont arrivés dans cette zone de vent faible autour de Madère et nous, mécaniquement, nous en avons profité parce que nous sommes arrivés derrière avec du vent. Les écarts se sont réduits comme peau de chagrin et c’est un truc qui arrive souvent en mer : soit ça part par devant, soit ça revient par derrière. Là, c’était le coup de l’élastique qui se retendait pour nous, donc favorablement et c’était prévisible. Puis la dorsale s’est un peu scindée voire même réduite complètement à l’approche d’Actual Ultim 3. Nous avons réussi à prendre le train avec nos concurrents et à repartir. En plus, nous avions un petit décalage dans l&rsqu o;Est, qui a permis d’éviter le dévent de Madère, comparé à Banque Populaire qui est passé au vent de l’île. Cela nous a encore permis une deuxième occasion de nous refaire. C’était plutôt la bonne opération pour nous. »

Prêts à 100% pour les Alizés

Depuis 24 heures, la flotte a enclenché l’accélérateur et navigue à plus de 30 noeuds dans ces vents portants de nord-est qui la propulse vers l’équateur. Les Ultims surfent sur une mer plus ordonnée mais cela demande une grande concentration.
Anthony Marchand : « Dans la dorsale anticyclonique qu’évoquait Thierry, nous avons surtout réparé les bobos des premiers jours, bien mangé, bien bu pour nous hydrater, pour pouvoir repartir avec un bateau à 100% de son potentiel dans les Alizés. Nous avons quand-même réussi, même dans le vent fort depuis le début de la course, à bien nous reposer avec Thier ry. Nous sommes contents d’arriver frais. Les Alizés ce n’est pas tout le temps des vacances. Il y a aussi des grains, des choses qui se passent, des phénomènes qui se créent comme des grosses masses nuageuses. Il faut toujours être un peu vigilant. Les vitesses sont élevées, avec un rythme qui l’est tout autant. »

Petite réparation, grand engagement, l’ascension dans le mât d’Anthony Marchand

Faire l’ascension d’un mât qui culmine à plus de mètres, soit 10 étages, ne s’improvise pas. Il demande de la préparation, de la concentration. L’exercice fut plutôt très réussi pour le skipper de l’Actual Ultim 3 : « Ce n’est jamais très agréable, je n’ai pas trop le vertige, c’est déjà ça. Mais même s’il n’y avait pas beaucoup de vent, il y avait de la mer. On se fait vite balloter et ça bouge là-haut. Donc tu essayes de tenir, de coincer tes jambes devant la grand voile et tu essaies de te bloquer un peu partout sur les drisses. Tu prends vite des hématomes aux jamb es. Thierry me hissait depuis le cockpit avec une drisse, je n’ai pas été obligé de monter tout seul et redescendre tout seul. L’exercice a été simplifié du fait que nous soyons en double, c’est déjà ça… »

Une flotte homogène, dans le même rythme

Pour Anthony comme pour Thierry, les Ultim sont très proches en terme de performance. Les différences se lissent. Et même si Actual Ultim 3 affiche parfois des vitesses légèrement inférieures, sa grand polyvalence peut lui permettre de jouer aux avant-postes.

Thierry Chabagny : « La flotte Ultim est de plus en plus homogène en terme de vitesse et de performance des bateaux. Actual Ultim 3 est un petit peu en deçà mais on voit bien que nous avons notre carte à jouer. Nous avons un bateau hyper polyvalent, qui va très bien dans toutes les conditions. Nous voyons bien que si nous faisons attention à la stratégie, si nous ne prenons pas trop de risques, si nous sommes rapides, si nous essayons de faire marcher le bateau à fond tout le temps, nous ne sommes pas très loin. Il suffit qu’il se passe un petit truc devant, un nuage par exemple, les écarts se comblent très vite. Ils se créent et se réduisent rapidement. Il y aura toujours moyen de revenir. Cela donne du baume au coeur au skipper et à son équipier.

Pour notre part, nous sommes encore dans l’apprentissage de notre nouvelle paire de foils. Cela change pas mal le bateau, nous modifions le réglage des foils, qui change le réglage des voiles et des autres appendices. Ils sont très satisfaisants. Nous tenons mieux la cadence qu’avant par rapport aux autres. »

Dans les prochaines 48 heures, la flotte aura franchi le Cap vert dont il faudra s’écarter pour éviter son dévent puis se placer pour aller chercher Sao Pedro (marque de parcours obligatoire à laisser à bâbord). Samedi, le vent devrait mollir…Cela permettra à l’équipage de se faire plaisir : prendre une bonne douche, se changer, revivre un peu après une première semaine au rythme effréné. Il s’agira aussi de réfléchir à la stratégie d’approche du pot au noir, cette zone de transition aux conditions très instables…