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Anthony Marchand et Thierry Chabagny, 5è en Ultim : Une transat révélatrice d'un grand potentiel

Mai 2023
Crédit image : Jean Marie Liot - Aléa

« Cette navigation de 16 jours avec Anthony restera l’un de mes grands souvenirs de navigation » confie Thierry Chabagny, « j’ai dit à Thierry que j’étais heureux d’avoir fait cette course avec lui et je lui ai fait un bisou sur le front » renchérit Anthony Marchand, à leur arrivée. Cela en dit long sur la complicité et la complémentarité qui réunit les deux hommes. 

Ils sont arrivés à Fort de France, le soleil à peine levé, un grand sourire aux lèvres, qui révèle la satisfaction du travail bien fait. Anthony Marchand et Thierry Chabagny ont succédé à Sodebo sur la ligne d’arrivée, moins de cinq heures après lui, en 5è position, une différence minime à l’échelle de cette course de plus de 16 jours sur 9911 mi lles (distance parcourue). Sans relâche ils ont tenu la dragée haute à leurs concurrents plus expérimentés en Ultim, sur des machines plus récentes.

Pour Anthony, dont c’était une première en tant que skipper en Ultim, cette Transat est un magnifique révélateur de son potentiel à l’approche du tour du monde, l’Arkea Ultim Challenge – Brest dont le départ sera donné le 7 janvier 2024.

Ils étaient partis pour performer et naviguer sur une longue période avec pour objectif qu’Anthony pousse le bateau, se l’approprie, plus facile à atteindre en double qu’en solitaire. L’expérience du multicoque en équipage de Thierry lui aura été profitable. Anthony arrive à Fort de France très aguerri, confiant dans son multicoque, et prêt à prendre le départ du prochain Tour du Monde en solitaire. Et ils n’ont aucun regret. Ils ont toujours été très engagés avec l’envie, chevillée au corps, de menacer leurs concurrents, notamment leur prédécesseur Sodebo. 

Après le deuxième passage dans le pot au noir, en remontant l’Atlantique entre l’ile de l’Ascension et la Martinique, la porte s’est refermée sur SVR – Lazartigue. Yves Le Blevec, directeur du Team Actual : « En Ultim, les écarts en distance se font et se défont rapidement car les bateaux sont très rapides. Anthony et Thierry ont toujours été hyper engagés dans leur navigatio n, sans hésitation. Ils ont fait ce qu’il faut pour aller plus vite. Dans les conditions de navigation au près les autres sont plus rapides et, dès le départ, le décalage s’est fait. Mais à chaque fois qu’ils en avaient la possibilité, ils ont su réagir et profiter de chaque moment opportun pour recoller. Sur l’échelle d’une course de 16 jours les écarts sont faibles. »

Cette Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre, d’une distance qui représente près d’un tiers de tour du monde, aura été essentielle en terme de préparation, d’engagement et de fiabilité avant le tour du monde en solitaire, un challenge hors du commun sur lequel Anthony Marchand a déjà hâte de régater. 

Enfin, à l’approche du tour du monde, le Team Actual se félicite de voir arriver à Fort de France les cinq Ultim qui ont pris le départ du Havre ;  preuve que, malgré leurs soucis techniques, ces maxi multicoques ont un réel potentiel à naviguer et performer.

Crédit image : Jean Marie Liot - Aléa
Thomas Deregnieaux - Qaptur

Votre duo a-t-il fonctionné comme tu l’espérais ?

 » Thierry est la personne parfaite pour ce genre d’exercice. Je suis hyper content de l’avoir fait avec lui, c’était hyper fluide. On est complémentaire et synchro sur la manière de naviguer.  » 

Les opportunités sur cette Transat ? 

 » Dans la remontée le long du Brésil, nous gardions du décalage avec Sodebo, pour saisir l’opportunité d’une option. Parfois il tombait dans des trous de vent, mais ce n’était pas suffisant pour le rattraper. On s’est bien battu pour essayer de les menacer, malgré des soucis d’hydraulique. On y a toujours cru, il ne faut jamais se sentir vaincu. Jusqu’à la dernière minute on y croyait, il peut se passer tellement de choses ! Nous n’avons rien à regretter. Nous avons tout donné et poussé la machine à 100%. Forcément on aurait aimé faire 4e, 3e ou même gagner ! On fait une 5e place d’une belle manière, on s’est battu. Il n’y a pas de moments que l’on regrette, tant tactiquement que stratégiquement ou bien même en terme de vitesse du bateau. Nous avons vraiment été tout le temps à fond. C’est vrai qu’ils vont vite ! Mais on voit que, dès qu’il y a des petits soucis, cela peut ralentir. A l’échelle d’un tour du monde,  le classement peut vite changer et puis nous serons en solitaire alors que nous étions deux sur cette transat, plus facile pour réparer. » 

Quels ont été les moments les plus marquants ?

« Le départ c’était magique, au reaching, avec des bateaux comme ça. Quand on est à la barre ou en train de wincher, on a des images plein la tête. Se marquer pour prendre le bon départ, se lancer comme des furies, c’était magique. Il y a aussi les glissades quand tu es sous gennaker, dans les alizés en t-shirt avec la chaleur, le soleil, le ciel bleu, des glissades sans fin. C’est quelque-chose que l’on attend quand on part en transat et on n’est jamais déçu. »

C’est une grande première en tant que skipper ?

 » C’était une grande première sur le plan sportif mais c’est surtout en terme de responsabilité auprès d’Actual, du team avec 18 personnes qui s’impliquent et qui peaufinent le bateau pour le perfectionner. Je suis content d’avoir ramené le bateau ici d’une belle manière. »

Techniquement, avez-vous eu des satisfactions, des soucis ?

« Nous avions eu peu de temps pour tester les nouveaux foils (à peine un mois ndlr) mais nous venons de faire 9210 milles, ils sont donc bien testés ! Ils sont costauds car en un seul morceau et nous avons bien tiré dessus. Nous avons appris à bien les régler et l’on sent qu’il y a du potentiel. Cela nous a permis d’aller plus vite sur certaines allures, ça rebooste la machine ! Nous avons eu quelques soucis d’hydraulique et nous avons tapé un truc dur sous l’eau qui a abimé la dérive. »

Comment as-tu perçu la victoire de Banque Populaire XI ?

« Armel et Sébastien sont de magnifiques vainqueurs ! Ils ont super bien navigué ! C’était beau cette bataille avec SVR, c’était chouette à suivre et à analyser. IIs se sont bien battus et c’est bien aussi pour la classe car ça régate comme en Figaro avec des batailles sur l’eau, des changements de leader. »

Que représente cette Transat en Ultim ?


« C’était une grande course, aussi longue qu’un tiers de tour du monde. Ce n’est pas anodin de passer autant de jours sur ces machines car on était toujours à 100%. Nous avons vraiment tiré dessus. 16 jours d’affilés, c’est du jamais vu à part sur un tour du monde effectivement. pour moi en double c’était ma première, une expérience magique grâce à Anthony et au Team Actual. Etre sur le fil du rasoir pendant autant de temps, c’est très prenant. On vit chaque seconde pleinement et c’est la libération en arrivant. C’est le bonheur d’arriver à Fort de France ! 

C’est la première fois que je passe autant de temps en course en double à ce niveau. J’ai fait beaucoup d’équipage mais chacun à son poste. En double, on peut faire de la navigation, analyser les images satellite, échanger avec le routeur. Ce sont des aspects hyper intéressants. Mais j’ai pu apporter des choses à Anthony, de par mon expérience en équipage où tout est poussé à fond : la gestion des manoeuvres, les réglages. »

Tes meilleurs moments ?

« Le départ qui était sur les chapeaux de roue dans 35 noeuds de vent, sans réellement savoir où tu vas passer au raz Blanchard. Tu pars à fond tête baissée. Deux heures  avant, tu étais dans ta chambre d’hôtel et tu te retrouves là ..! Sur ces machines il faut toujours anticiper donc tu prépares tes voiles, tu anticipes les manoeuvres et tu y vas ! Puis Anthony était serein, ça aide. »

LE PROCHAIN TOUR DU MONDE PAR ANTHONY MARCHAND

 » Je me suis projeté sur ce tour du monde depuis le convoyage retour de la Route du Rhum ( en novembre 2022) où je visualisais ce que c’était de naviguer sur ce bateau. A la sortie de cette Transat en tant que skipper, je me projette encore plus car ce bateau et les Ultims en général sont fiables, ils sont faits pour faire des milles, pour naviguer, pour aller vite. Bien sûr il y a quelques casses mais ça ne nous empêche pas d’avancer. On ne démâte pas, on ne déchire pas de voiles. Ils sont faits pour ça et ça me rassure. j’ai hâte d’y aller ! Et puis, je suis  heureux en mer, j’aime quand ça va vite ! « 

RESULTATS ET STATISTIQUES 

Mercredi 15 novembre à 04h27 locale (9h27 heure de Paris), Anthony Marchand et Thierry Chabagny ont franchi en cinquième position la ligne d’arrivée en baie de Fort-de-France de la 16ème édition de la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre.

Le temps de course d’Actual Ultim 3 est de 16 jours, 20 heures, 22 minutes et 43 secondes. Il a effectué les 7500 milles du parcours entre Le Havre et Fort-de-France à la vitesse de 18,55 noeuds sur l’orthodromie (route directe). Il a en réalité parcouru 9211 milles à la vitesse moyenne de 22,78 noeuds (sur l’eau).

BRAVO LES GARS, BRAVO LA TEAM ACTUAL.